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Harcèlement sexuel des femmes: Climat, culture et conséquences dans les filières universitaires de sciences, d'ingénierie et de médecine (2020)

Chapter: 3 Le harclement sexuel dans les sciences, l'ingnierie et la mdecine universitaires

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3 Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires Bien que la plupart des recherches sur le harcèlement sexuel se soient concen- trées sur les lieux de travail en dehors du milieu universitaire, les recherches examinées dans ce chapitre suggèrent que le milieu universitaire ne devrait pas être considéré comme une exception et qu’il est confronté à des taux similaires de harcèlement sexuel.1 L’objectif de ce chapitre est d’analyser dans quelle mesure les trois formes de harcèlement sexuel2 se produisent dans le milieu universitaire, en particulier dans les domaines de la science, l’ingénierie et la médecine, de considérer la culture générale et les sous-cultures dans lesquelles 1 Dans la mesure du possible, le rapport cite les études scientifiques les plus récentes sur un sujet donné. Cela dit, la recherche empirique sur le harcèlement sexuel, utilisant des méthodes scientifiques rigoureuses, remonte aux années 1980. Ce rapport cite les conclu- sions des travaux antérieurs lorsque ces résultats révèlent des tendances historiques ou des évolutions dans le temps. Il cite également les résultats d’études antérieures lorsqu’il n’y a aucune raison théorique de s’attendre à ce que les résultats aient changé avec le temps. Par exemple, la relation inversement proportionnelle entre le harcèlement sexuel et l’épa- nouissement professionnel est solide : plus une personne est harcelée dans le cadre profes- sionnel, moins elle aime son travail. Ce constat de base n’a pas changé en trente ans et il n’y a aucune raison de s’attendre à ce qu’il change. 2  trois formes de harcèlement sexuel sont le harcèlement sexiste, les attentions Les sexuelles non désirées et la coercition sexuelle. Voir le chapitre 2 pour de plus amples descriptions.

100 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES il se produit et d’identifier les conditions qui augmentent la probabilité que les comportements propres au harcèlement sexuel se produisent. Cette analyse vise à mettre en lumière la mesure dans laquelle les femmes sont victimes de harcèlement sexuel dans les domaines de la science, l’ingénierie et la médecine, à comparer les expériences dans différents environnements  et à comprendre comment la composition organisationnelle de ces domaines contribue au risque de harcèlement sexuel. Ce chapitre examine comment le milieu universitaire, et, plus particulièrement, les sciences, l’ingénierie et la médecine, sont des en- vironnements uniques en termes de harcèlement sexuel. L’ENVIRONNEMENT ACADÉMIQUE EN SCIENCES, EN INGÉNIERIE ET EN MÉDECINE Les principales conditions qui augmentent le risque de harcèlement sexuel – la tolérance des organisations à l’égard du harcèlement sexuel et les envi- ronnements dominés par les hommes3 – sont celles qui apparaissent dans le monde universitaire en général et, plus particulièrement, dans les domaines des sciences, de l’ingénierie et de la médecine. Les environnements de l’enseignement supérieur sont perçus comme des en- vironnements permissifs en partie parce que lorsque les victimes signalent des actes de harcèlement, soit elles font l’objet de représailles4, soit rien n’arrive à l’auteur. Dans un article récent, une personne interrogée qui a fait état de son expérience de harcèlement psychologique et physique de la part de son conseil- ler a décrit la réaction à son signalement de cette manière : Donc, lorsque je parlais au directeur de la faculté ou au directeur du département, je disais qu’ils ne nous laissaient pas d’autre choix que de quitter le département… Après avoir quitté l’institution, l’année suivante, ce conseiller a obtenu trois autres étudiants. Il n’y a eu aucune conséquence pour lui… J’avais l’impression de subir ce genre de fléau ou quelque chose comme ça... On force la personne qui a été victime à continuer à se confronter au harceleur et à continuer de subir les faits. (Nelson et al. 2017, 6) 3  Voir la discussion au chapitre 2 pour plus de détails sur cette recherche. 4 Voir la discussion au chapitre 4 sur les représailles et les limites de la loi pour se protéger contre elles.

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 101 L’enseignement supérieur est également rempli de cas où les auteurs sont connus mais ne sont pas sanctionnés (Cantalupo et Kidder 2017). Des entre- tiens, menés par RTI International avec des femmes professeures de sciences, d’ingénierie et de médecine ayant été victimes de harcèlement sexuel, révèlent certains des problèmes qui expliquent ce climat général d’acceptation du har- cèlement sexuel (RTI 2018).5 Les réponses aux entretiens montrent que le com- portement des collègues masculins, que les professeurs ou les administrateurs de haut rang percevaient comme des « superstars » dans leur domaine de com- pétence, était souvent minimisé ou ignoré. Même les hommes qui n’étaient pas considérés comme des superstars étaient souvent décrits comme bénéficiant d’un traitement préférentiel et excusés pour leur comportement sexiste et leur harcèlement sexuel. Je pense aussi que parfois les gens sont aveuglés par les bons signes et les personnalités brillantes. Parce que ces choses ont tendance à aller de pair. Il n’est pas admis de pouvoir penser que cette personne, qui fait un travail incroyable pour obtenir toutes ces subventions, est aussi quelqu’un qui a créé un environnement négatif pour les autres. Je l’ai constaté à maintes reprises. (Professeure non-titularisée en psychologie) Un thème qui est ressorti des données des entretiens est que les personnes interrogées et d’autres collègues savaient souvent clairement quelles personnes avaient des antécédents de harcèlement sexuel. Les avertissements étaient don- nés par des collègues masculins et féminins, et étaient souvent accompagnés de conseils selon lesquels tenter de prendre des mesures contre les auteurs de ces actes n’était pas fructueux et que les meilleures options pour faire face à ce comportement étaient de l’éviter ou de l’ignorer. De nombreuses personnes interrogées ont décrit le dialogue entre les femmes professeures pour mettre en garde contre le harcèlement sexuel, ou le révéler, comme un lieu commun malheureux qui constituait, bien trop souvent, la norme. De même, les attentes en matière de comportement ont souvent été consi- dérées comme une « excuse » pour les générations plus âgées de professeurs, principalement des hommes, pour perpétrer des comportements de harcèlement 5 Cette recherche a été commandée par la commission ; le rapport complet sur cette re- cherche est disponible à l’annexe C.

102 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES sexuel. De nombreux répondant·e·s ont noté que la « vieille garde », en per- pétrant ce type de comportement, faisait ce qu’elle a toujours fait et n’était pas susceptible de changer, en raison d’une acceptation générale au sein des milieux universitaires. C’est une sorte de nouveauté – et l’état d’esprit est tellement ancré, comme les gens qui disent ces choses, ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils sont – leur intention n’est pas de harceler sexuellement les gens, mais ils le font automatiquement, et ils n’y pensent même pas. (Professeur de géosciences) La normalisation du harcèlement sexuel et des préjugés sexistes a également été notée comme alimentant ce comportement dans de nouveaux groupes de professeur·e·s de sciences, d’ingénierie et de médecine. Les personnes interro- gées ont évoqué les expériences décourageantes de collègues qui sont entré·e·s dans des établissements de formation avec des opinions non biaisées et un com- portement respectueux, mais qui ont conclu que ces expériences approuvaient ou rejetaient le harcèlement sexuel et les préjugés sexistes entre eux et avec d’autres individus. Je ne pense toujours pas que la perspective d’être agressée sexuellement était aussi mauvaise que de voir se former la prochaine génération de harceleurs sexuels. Je pense que c’était le pire moment pour moi. (Professeure non- titularisée de médecine) Parfois, il faut de nombreux rapports émanant de plusieurs institutions pour que les actes d’une personne soient reconnus (Cantalupo et Kidder 2017). Cette réalité, ainsi que la perception largement répandue dans l’enseignement supé- rieur, signifie que peu de victimes pensent que leurs plaintes seront prises au sérieux. Comme de nombreux établissements supérieurs et universités américaines ont été créés dans le but d’éduquer les hommes, les environnements de l’ensei- gnement supérieur sont aussi souvent historiquement dominés par les hommes, et les sciences, l’ingénierie et la médecine dans l’enseignement supérieur sont encore numériquement et culturellement dominés par les hommes. Alors que les femmes ont obtenu plus de la moitié des licences en sciences et en ingénie- rie depuis 2000 (NCSES 2004, 2017), les sciences et l’ingénierie universitaires, dans leur ensemble, continuent d’être largement dominées par les hommes en

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 103 raison de la forte concentration de femmes dans une poignée de domaines scien- tifiques spécifiques. Comme le soulignent les indicateurs 2016 de la National Science Fondation, les hommes et les femmes ont tendance à se répartir dans des domaines d’études différents, et ces tendances sont constantes à tous les niveaux de l’enseignement supérieur. Rien qu’en 2013, les hommes ont obtenu 80,7% des licences d’ingénierie, 82% en informatique et 80,9% en physique. Les femmes, en revanche, ont obtenu la moitié, ou plus, des licences en psy- chologie, en sciences biologiques, en sciences agricoles, et tous les grands do- maines des sciences sociales, à l’exception de l’économie (NSF 2016). Même dans les domaines liés à la biologie, où les femmes représentent plus de la moi- tié des titulaires de doctorat, elles sont largement sous-représentées au niveau du corps enseignant. Une étude de Jason Sheltzer et Joan Smith (2014), publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, a révélé que sur les 2 062 membres du corps professoral des sciences de la vie dans les programmes les mieux classés aux États-Unis, seuls 21% des professeurs titulaires et 29% des professeurs adjoints étaient des femmes. En médecine, bien que les femmes obtiennent des diplômes de médecine en nombre au moins égal à celui des hommes depuis plusieurs décennies, les femmes professeures d’école de médecine ne progressent pas aussi rapidement et ne sont pas aussi bien rémunérées que leurs collègues masculins (Ash et al. 2004, Cochran et al. 2013). Une enquête menée par l’Association of American Medical Colleges révèle, en outre, les disparités entre hommes et femmes en matière de progression de carrière : 1 directrice ou doyenne de département sur 6 postes pourvus en 2013-2014, contre 1 sur 10 en 2003-2004 ; 38%, soit un peu plus d’un tiers seulement, des professeur·e·s de médecine à plein temps sont des femmes, et seulement 21% des professeur·e·s titularisé·e·s sont des femmes, tout comme 34% des professeur·e·s associé·e·s à plein temps (AAMC 2014). La culture des lieux de travail de l’enseignement supérieur, où les frontières entre le travail et la vie personnelle sont floues et où l’on est toujours «  au travail », est particulièrement difficile pour les personnes qui ont des enfants, ou des personnes âgées à leur charge, ainsi que pour celles qui ne se confor- ment pas aux attentes liées au sexe en matière de comportement ou d’apparence (Caplan 1993). Ces personnes sont le plus souvent des femmes et des personnes appartenant à des minorités sexuelles et de genre. Historiquement, on croyait que la vie intellectuelle était le travail des hommes, et bien que notre société ait,

104 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES aujourd’hui, des vues plus éclairées sur les contributions des femmes à l’ensei- gnement supérieur en général, et à la science en particulier, la structure du lieu de travail universitaire est toujours celle qui convient le mieux aux hommes qui ont une femme à la maison et qui s’occupent à plein temps du ménage (Valian 1999, Xie et Shauman 1998, NAS 2007). Autrement dit, la « norme du travail- leur idéal » est omniprésente dans le monde universitaire. Comme l’expliquent Leskinen et Cortina (2014, 110) dans leurs travaux sur une conceptualisation plus large du harcèlement sexiste (un type de harcèlement sexuel) : Le « travailleur idéal » est une personne qui travaille à temps plein et de manière constante tout au long de sa vie et qui ne prend pas de congés pour cause de grossesse, de garde d’enfants ou d’autres responsabilités de soins [Williams, 2000]. Les employeurs valorisent et récompensent le travailleur idéal, malgré les attentes stéréotypées fondées sur le sexe (c’est-à-dire que les lieux de travail sont structurés autour du corps masculin) que cet idéal cautionne [Williams, 2008]. À l’inverse, certains employeurs punissent le personnel qui ne respecte pas la norme du travailleur idéal ; cette notion de « discrimination fondée sur les responsabilités familiales » attire l’attention des juristes et des spécialistes des sciences sociales, qui la considèrent comme un obstacle important à l’emploi et à l’avancement des femmes. (voir Williams, 2008 ; Williams et Bornstein, 2008) En outre, la science, l’ingénierie et la médecine universitaires sont hiérarchi- sées. Au niveau des études supérieures, les étudiant·e·s doivent s’appuyer sur des chercheur·e·s princi·paux·pales qui contrôlent le financement, l’orientation de la recherche et les décisions de recrutement. En médecine universitaire, les rôles sont clairement hiérarchisés et la formation encourage le respect et la confiance de ceux qui se trouvent au sommet de la hiérarchie  : d’abord les médecins traitant·e·s, puis les boursier·ère·s, les docteur·e·s s et les internes, et enfin les étudiant·e·s en médecine qui se trouvent en bas de l’échelle. Lorsque la haute hiérarchie fonctionne par habitude, plutôt que comme quelque chose sur lequel on réfléchit constamment, et qui est justifié par l’expérience, ou l’ex- pertise, les abus de pouvoir peuvent augmenter. La nature du mentorat en science, en ingénierie et en médecine, crée des risques uniques pour les stagiaires. La relation mentor·e/mentoré·e peut im- pliquer de passer beaucoup de temps seul·e·s ensemble, en laboratoire, sur le terrain ou à l’hôpital, et parfois dans des environnements isolés. Elle implique également une dépendance importante à l’égard d’un·e mentor·e ou d’un petit

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 105 comité, car les projets de recherche, l’enseignement et le mentorat profession- nel, ainsi que le financement sont souvent tous liés au conseiller ou à la conseil- lère et non à l’étudiant. Dans le domaine médical, la formation se déroule spécifiquement en mi- lieu hospitalier, sur des périodes d’« appel » de 24 heures. Les internes et les docteur·e·s (même la nomenclature atteste que les internes ont une relation particulière avec l’espace de formation de l’hôpital) fournissent une grande partie des soins aux patients sous la direction des médecins traitant·e·s qui peuvent, ou non, être physiquement présent·e·s à l’hôpital pour les besoins de l’enseignement. Les soins aux patient·e·s malades, en particulier aux urgences, dans les salles d’opération et les unités de soins intensifs, sont évidemment très intenses, fatigants et stressants, et en raison de la nécessité de prolonger les heures de service, les salles d’appel à un ou plusieurs lits sont proches pour les cas où le sommeil est possible. Le risque de harcèlement et d’agression sexuelle qu’elles présentent devrait être évident (Komaromy et al. 1993). En outre, les recherches sur l’environnement médical révèlent que la «  maltraitance  » gé- nérale est courante à tous les niveaux de la hiérarchie médicale, en particulier chez les étudiant·e·s en médecine, les internes et les médecins de toutes les spécialités. Combinés, ces facteurs environnementaux et de mentorat signifient qu’il y a de plus en plus de possibilités de perpétration de harcèlement sexuel, dans des environnements peu structurés, ou peu responsables, pour le membre du corps enseignant, et une diminution de la capacité des étudiant·e·s à partir sans répercussions professionnelles (Sekreta 2006). Dans les domaines des sciences, de l’ingénierie et de la médecine univer- sitaires. Il existe des disparités importantes entre les sexes. Celles-ci vont de la fréquence à laquelle les hommes invitent des femmes à prendre la parole lors de conférences (Isbelle, Young et Harcourt 2012), à la perception des étu- diantes compétentes (Grunspan, Wiggins et Goodreau 2014) et employables (Moss-Racusin et al. 2012), à la mesure dans laquelle les femmes et les hommes s’auto-citent (Symonds et al. 2006), au sentiment de soutien et d’intégration à un département (Fox, Deaney et Wilson 2010) et à la mesure dans laquelle les femmes estiment pouvoir recourir à des politiques favorables à la famille, même lorsqu’elles existent. Les femmes sont également plus susceptibles d’oc- cuper des postes d’enseignement que des postes de recherche. Ainsi, même lorsque le nombre de femmes dans les sciences semble augmenter au niveau national, elles sont regroupées dans des établissements où les étudiant·e·s de

106 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES deuxième cycle ne sont pas formé·e·s, où le financement fédéral est moins fréquent et où, en général, les professeur·e·s reçoivent moins de soutien pour mener des travaux indépendants et contribuer au processus scientifique (Her- manowicz 2012). Et, même si le nombre de femmes semble avoir augmenté dans le domaine des sciences, la réalité est que seules les femmes blanches aug- mentent en nombre, et que les femmes de couleur sont en déclin (Armstrong et Jovanovic 2015). Bien que ce ne soit pas la mission de ce rapport, nous constatons que la discrimination sexuelle nuit aux femmes et à la méritocratie scientifique au sens large. Nous concluons donc que combinées, la discrimination sexuelle et la domination masculine sont des caractéristiques du climat universitaire en sciences, ingénierie et médecine qui créent un environnement permissif pour le harcèlement sexuel. LE HARCÈLEMENT SEXUEL DES PROFESSEURES ET DES EMPLOYÉES Dans la meilleure méta-analyse existante à ce jour sur la prévalence du har- cèlement sexuel, Ilies et ses confrères (2003) ont révélé que 58 pour cent des professeures et des employées ont été victimes de harcèlement sexuel. Outre le cadre universitaire, la méta-analyse examine le harcèlement sexuel dans des échantillons du secteur privé, du gouvernement et de l’armée. En comparant le milieu universitaire avec les autres milieux de travail, l’enquête a révélé que le milieu universitaire avait le deuxième taux le plus élevé, derrière l’armée (69%). Les échantillons du secteur public et du secteur privé étaient à égalité, avec respectivement 43% et 46%. Les deux premiers lieux de travail (l’armée et le milieu universitaire) sont tous deux plus dominés par les hommes que le secteur privé et le gouvernement, ce qui démontre l’importance de cette situa- tion sur les taux de harcèlement et suggère également que dans les domaines du milieu universitaire à plus forte dominante masculine (comme l’ingénierie et certaines disciplines scientifiques et spécialités médicales), les taux de harcèle- ment sexuel peuvent être plus élevés. Dans une étude plus récente sur l’analyse des expériences des femmes et des hommes travaillant dans le milieu universitaire, le système judiciaire et

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 107 l’armée, le lien avec les lieux de travail dominés par les hommes a été confirmé pour le milieu universitaire. Elle a démontré que même au niveau d’une unité où la sous-représentation des femmes augmentait d’une unité, les chances que les femmes soient confrontées au harcèlement sexiste (un type de harcèlement sexuel) augmentaient de 1,2 fois (Kabat-Farr et Cortina 2014). Pour le corps enseignant, et le personnel féminin des universités, la recherche a également confirmé la conclusion générale d’autres lieux de travail selon laquelle la ma- jorité du harcèlement sexuel subi était du harcèlement sexiste et que les deux autres types de harcèlement sexuel étaient rarement subis sans que le harcèle- ment sexiste ne se produise également (voir graphique 3-1) (Schneider, Swan et Fitzgerald 1997). Rosenthal, Smidt et Freyd (2016) ont montré que le har- cèlement sexiste était beaucoup plus répandu que les autres types de harcèle- ment sexuel actuels. Ils se sont concentrés sur les expériences des étudiant·e·s de deuxième cycle, qui, à bien des égards, agissent comme des employé e·s de l’université. Leurs recherches ont révélé que « la majorité des expériences de harcèlement impliquaient un langage, des gestes ou des images sexistes ou sexuellement offensants (59,1%), 6,4% impliquant des attouchements sexuels non désirés, 4,7% des attouchements non désirés et 3,5% des pots-de-vin ou des menaces subtiles ou explicites (370) ». Non harcelée Le harcèlement sexiste 37,4% 34,3% Les 3 formes Le harcèlement sexiste et les 4,0% attentions sexuelles non-désirées Attentions sexuelles non-désirées 19,6% 4,7% GRAPHIQUE 3-1 Pourcentage des différentes formes de harcèlement sexuel subies parmi les employées universitaires SOURCE : adapté de Schneider, Swan et Fitzgerald 1997.

108 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES Notez également que le harcèlement sexuel peut être ascendant et venir de ceux qui ont moins de pouvoir formel dans l’organisation ; les chercheur·e·s appellent souvent cela du «  harcèlement de contre-pouvoir  ». Par exemple, O’Connell et Korabik (2000) ont rapporté que 42% de leur échantillon de femmes travaillant dans le milieu universitaire (en tant que professeures, em- ployées ou administratrices) avaient été confrontées à du harcèlement sexuel commis par des hommes à des niveaux inférieurs de la hiérarchie organisation- nelle. Comme dans beaucoup d’autres études, la majorité de ce harcèlement perpétré par des subordonné·e·s était du harcèlement sexuel (par exemple, re- marques insultantes sur les femmes, gestes vulgaires, blagues obscènes). De même, Grauerholz (1989) a rapporté que 48% des femmes professeures d’une grande université de recherche avaient été confrontées à des comportements de harcèlement sexuel de la part d’étudiant·e·s ; le plus souvent, ces compor- tements qui impliquaient des commentaires sexistes (définis comme « des bla- gues ou des remarques stéréotypées ou désobligeantes pour les membres de votre sexe »). Dans presque tous les cas (99%), les auteurs étaient des hommes. Dans un cas, le harcèlement sexuel de l’étudiante en faculté a abouti à un viol. Pour expliquer la dynamique qui sous-tend le harcèlement de contre-pouvoir, Grauerholz (1989) a noté que « même dans les situations où une femme a une autorité clairement définie, le sexe continue d’être l’une des variables les plus saillantes et les plus puissantes régissant les relations de travail ». Cette situa- tion fait écho au concept de Gutek et Morasch (1982) de « débordement des rôles sexuels », qui soutient que les normes fondées sur le sexe (c’est-à-dire la femme comme faisant le ménage, la femme comme mère harcelante) s’infiltrent dans le milieu de travail. De cette façon, le harcèlement sexuel de contre-pou- voir reflète le statut inférieur des femmes (surtout les femmes de couleur) dans la société par rapport aux hommes, et il reproduit cette haute hiérarchie dans les organisations (Rospenda, Richman et Nawyn 1998). En outre, dans le contexte universitaire, les étudiant·e·s ont un certain pouvoir sur le corps enseignant lorsque les évaluations des étudiant·e·s influencent les décisions de promo- tion ou de récompense (par exemple, Grauerholz 1989 ; Rospenda, Richman et Nawyn 1998). Afin d’obtenir une image plus claire des expériences de harcèlement sexuel des femmes professeures de sciences, d’ingénierie et de médecine, notre comité a demandé à RTI International de mener une série d’entretiens avec des femmes qui ont subi au moins un comportement de harcèlement sexuel au cours des

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 109 cinq dernières années (RTI 2018). Lorsqu’on a demandé à ces femmes de dé- crire l’expérience la plus marquante, leurs réponses étaient variées et elles rela- taient des avances sexuelles, des blagues ou des commentaires obscènes, des re- marques désobligeantes ou critiques sur leurs compétences, des attouchements sexuels non désirés, du harcèlement et une agression sexuelle par un collègue. Une personne interrogée a fait remarquer que la plupart des personnes compre- naient le harcèlement sexuel principalement en termes d’attentions sexuelles non désirées, mais que le harcèlement sexiste dans les milieux universitaires était à la fois très répandu et très efficace : La plupart d’entre eux dénigrent les femmes, les réduisent au silence sur leur lieu de travail, les rabaissent devant leurs collègues, leur disent qu’elles ne sont pas aussi compétentes que les autres ou qu’elles ne sont pas [aussi] sincères que vous autres... Je pense qu’il faut insister davantage sur ce point. Ce n’est pas seulement, vous savez, le fait de toucher ou de faire des avances sexuelles, mais c’est plus au niveau intellectuel. Ils essaient de jouer mentalement à ces jeux d’esprit, essentiellement pour que vous ne soyez pas capable de faire de réagir physiquement. (Professeure adjointe d’ingénierie) Au moment des entretiens, la plupart des personnes interrogées ont qualifié leur expérience de harcèlement sexuel. Toutefois, certaines personnes inter- rogées ont fait remarquer qu’elles n’avaient pas immédiatement reconnu ces expériences comme telles. Le retard dans la prise de conscience du harcèle- ment sexuel a été fortement influencé par l’acceptation généralisée des com- portements discriminatoires fondés sur le sexe dans le contexte universitaire. De nombreuses répondantes ont indiqué qu’elles étaient la seule femme, ou l’une des quelques femmes, de leur département. La discrimination sexuelle était souvent normalisée dans les milieux à prédominance masculine dans les- quels elles travaillaient, ce qui, selon les personnes interrogées, avait alimenté le comportement de harcèlement sexuel, favorisé la tolérance à son égard et rendu difficile la différenciation en tant que telle.

110 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES LE HARCÈLEMENT SEXUEL DES STAGIAIRES Au cours de récentes actions menées visant à développer une enquête sur le climat du campus, pour les étudiant·e·s de premier cycle, qui pourrait être utilisée par toutes les institutions, les chercheur·e·s de RTI International (Krebs et al. 2016) ont mené une enquête pilote sur le climat du campus dans neuf écoles. Les chercheur·e·s se sont principalement concentrés sur les agressions sexuelles, et les questions de l’enquête sur le harcèlement se sont limitées aux agissements de nature sexuelle, grossiers et à certaines formes d’attentions sexuelles non désirées (les incidents d’agression sexuelle ont été évalués sépa- rément des incidents de harcèlement sexuel, et la composante d’hostilité sexiste du harcèlement sexuel n’a pas du tout été évaluée). L’enquête a déterminé que la prévalence des femmes sous-diplômées ayant subi un comportement gros- sier et des formes non violentes d’attentions sexuelles non désirées au cours de l’année universitaire 2014-2015 variait de 14% à plus de 46% dans certaines universités6. Le module d’enquête n’incluait pas de questions permettant aux chercheur·e·s d’identifier les auteurs de ces actes, et il n’apparaissait donc pas clairement si les auteurs étaient des étudiants, du personnel universitaire ou des professeurs (Krebs et al. 2016). Dans un deuxième temps, à partir d’octobre 2014, l’Université d’État de Géorgie a organisé un forum sur les agressions et le harcèlement sexuels sur le campus, qui a conduit à la création de l’Administrator-Researcher Campus Cli- mate Collaborative, appelée ARC3, et qui est dirigée par Sarah L. Cook et Ke- vin Swartout de l’Université d’État de Géorgie. Sous les auspices d’ARC3, un instrument d’enquête complet sur les comportements sexuels répréhensibles a été élaboré avec l’aide de chercheur·e·s éminent·e·s dans le domaine de la vio- lence sexuelle, de professionnels des affaires étudiantes et du Titre IX, d’agents de la force publique, de défenseurs des cibles/ victimes et de conseiller·e·s. L’enquête a été élaborée pour les étudiants de premier et de deuxième cycle et comprend des questions sur le statut de l’auteur (professeur, employé, étudiant, etc.). L’ARC3 a utilisé des instruments de pointe basés sur le questionnaire sur 6  est important de noter que ce taux n’est pas une estimation représentative au niveau Il national et ne doit pas être considéré comme tel. Le faible taux est dû à la définition sélec- tive du harcèlement sexuel qui n’inclut pas les trois formes de harcèlement sexuel.

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 111 les expériences sexuelles (SEQ) pour poser des questions basées sur le com- portement mesurant le harcèlement sexuel, y compris tous ses sous-types : le harcèlement sexuel (qui se décompose entre hostilité sexiste et comportement grossier), les attentions sexuelles non désirées et la coercition sexuelle (Swar- tout 2018). À ce jour, 150 établissements d’enseignement supérieur ont utilisé l’enquête ARC3 pour mesurer le climat sur leur campus7. Deux de ces éta- blissements, la Penn State University et le système de l’Université du Texas, ont évalué plusieurs campus dans leur établissement, ou dans leur système, et ont donc inclus un large échantillon dans plusieurs domaines. Les résultats montrent, une fois de plus, que le harcèlement sexuel est la forme la plus ré- pandue de harcèlement sexuel et que les femmes sont plus souvent victimes de harcèlement sexuel que les hommes. Les taux globaux de harcèlement sexuel pour les étudiants de ces établissements se situent entre 20 et 50% selon le ni- veau d’études (non diplômé ou diplômé) qu’ils ont (graphique 3-3) et selon la spécialité de l’étudiant (graphique 3-2). Les résultats des enquêtes ARC3 sont parmi les premiers à comparer les ex- périences de harcèlement sexuel des étudiantes dans les domaines des sciences, de l’ingénierie, et de la médecine, à celles des femmes dans d’autres domaines (non-SEM). Les enquêtes ont révélé que les femmes en ingénierie et en méde- cine sont davantage confrontées au harcèlement sexuel au cours de leurs études que les femmes dans les filières hors SEM ou les femmes dans les filières scien- tifiques. En ce qui concerne le harcèlement perpétré par le corps enseignant et le personnel, les étudiantes en médecine avaient 220% de plus de chances que les étudiantes des autres disciplines d’être harcelées sexuellement, tandis que les étudiantes en ingénierie avaient 34% de plus de chances que les étudiantes des autres disciplines (voir schéma 3-2). Il est intéressant de noter qu’il existe une différence significative dans un type de harcèlement sexuel subi par les étudiantes : les comportements grossiers. Les étudiantes en médecine avaient 149% plus de chances que les autres d’être victimes de comportements gros- siers de la part du corps enseignant ou du personnel, alors que les étudiantes 7  responsables de l’ARC3, Sarah L. Cook et Kevin Swartout mènent l’enquête et la Les fournissent aux institutions qui cherchent à le mettre en place pour leur campus. Voir http://campusclimate.gsu.edu/contact-us/.

112 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES en ingénierie en ont fait l’expérience au même niveau que les étudiantes en sciences (8 à 9%, contre 18% pour les étudiantes en médecine) (voir graphique 3-2). Près de la moitié des femmes en école de médecine, ou inscrites en tant qu’étudiantes de troisième cycle dans une faculté de médecine, ont déclaré avoir subi une forme de harcèlement sexuel (voir les figures 3-2 et 3-3). En utilisant l’enquête ARC3, Rosenthal, Smidt, et Freyd (2016) ont inter- rogé 525 étudiant·e·s de deuxième cycle concernant leur exposition au harcè- lement sexuel et ont constaté que plus d’un tiers (38%) des étudiantes de deu- xième cycle ont été harcelées sexuellement sexuel par des professeur·e·s ou des employé·e·s, contre seulement 23,4% des étudiants de deuxième cycle. L’étude confirme que le harcèlement sexuel est courant dans les établissements d’ensei- gnement supérieur et que les étudiantes de deuxième cycle sont confrontées à des taux plus élevés de harcèlement sexuel commis par le corps enseignant et le personnel que leurs homologues masculins. Le harcèlement sexuel peut également être perpétré par des étudiant·e·s sur des étudiant·e·s. L’enquête en ligne de l’Association of American University Women 2005, qui utilisait un ensemble de questions comportementales non SEQ, qui omettaient les commentaires sexistes et se concentraient sur le com- portement sexuel, a révélé que 62% de tous les étudiant·e·s de premier cy- cle avaient été victimes de harcèlement sexuel. La recherche comprend des questions sur l’auteur·e du harcèlement, et les résultats ont montré que lors d’événements et d’activités liés à l’université8, le harcèlement par les pairs9 était nettement plus fréquent que le harcèlement par le corps enseignant – 80% des étudiant·e·s qui ont été harcelé·e·s ont déclaré l’avoir été par des pairs ou d’anciens pairs et seulement 18% ont déclaré l’avoir été par le corps enseignant ou le personnel (AAUW 2005). 8  Cela a été défini comme étant le moment où les étudiant·e·s sont en classe, où ils se trouvent dans les bâtiments du campus (y compris les logements des étudiant·e·s, les bi- bliothèques, les installations sportives, les bâtiments administratifs, etc.), où elles,·ils, se promènent sur le campus et participent à des événements parrainés par l’école (y compris les événements sportifs, les organisations ou clubs du campus, les événements des fraternités ou sororités du campus). 9  Le terme « pairs » désigne les autres personnes de même rang ou de même niveau dans la hiérarchie institutionnelle officielle.

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 113 Harcèlement sexiste : hostilité sexiste Harcèlement sexiste : comportement grossier Attentions sexuelles non désirées Coercition sexuelle Pourcentage « oui » Étudiants Étudiants de deuxième Étudiants de premier cycle cycle/professionnels de la faculté de médecine GRAPHIQUE 3-2 Taux d’incidence du harcèlement sexuel des étudiantes harcelées par les professeurs/employés, en fonction du type de harcèlement sexuel (Penn State University). NOTE : L’enquête a été menée auprès de 11 023 étudiants de premier cycle (2 945 réponses), de 4 000 étudiants de deuxième et troisième cycle, et professionnels (droit) (1 637 réponses) sur le campus de University Park, et de 889 étudiants en médecine et en études supérieures à la faculté de médecine du campus de Hershey (411 réponses). Harcèlement sexiste : hostilité sexiste Harcèlement sexiste : comportement grossier Attentions sexuelles non désirées Coercition sexuelle Pourcentage « oui » Étudiantes Étudiants Étudiantes Étudiants Étudiantes Étudiants Étudiantes Étudiants NON-SEM SCIENCES INGÉNIERIE MÉDECINE GRAPHIQUE 3-3 Taux d’incidence du harcèlement sexuel des étudiantes harcelées par les professeurs/employés, en fonction du type de harcèlement sexuel (système de l’Université du Texas).

114 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES Alors que l’enquête ARC3 mesure le harcèlement entre pairs, nous notons que l’enquête ARC3 ne se concentre pas sur un lieu particulier lorsqu’il s’agit de mesurer les expériences de harcèlement sexuel. Les personnes interrogées peuvent rendre compte du comportement des étudiant·e·s dans un certain nombre d’environnements, tant éducatifs (par exemple, salles de classe, confé- rences, laboratoires, bibliothèques, chambres de patients, blocs opératoires) que sociaux (fêtes, bars, gymnases, cafés, concerts, appartements, etc.). Cette mesure présente un inconvénient majeur : elle n’est pas suffisamment sensible pour distinguer les comportements de harcèlement (c’est-à-dire ceux qui dé- rogent, rabaissent, humilient, etc.) des comportements socio-sexuels non har- celants des autres étudiant·e·s (par exemple, les blagues sexuelles, le flirt entre amis). Par exemple, si une étudiante signale qu’un camarade lui a envoyé des contenus à connotation sexuelle, ou lui a demandé à plusieurs reprises de sortir avec elle, il n’y a aucun moyen de savoir s’il s’agissait, pour elle, d’une situa- tion de mise en scène, d’humour ou d’innocuité. En raison de ce mélange de comportement potentiellement offensant et inoffensif, il peut en résulter des estimations gonflées de la prévalence du harcèlement sexuel entre étudiant·e·s. Pour ces raisons, il ne s’appuie pas sur les données ARC3 d’étudiant·e·s à étudiant·e·s, mais nous notons qu’il s’agit d’une forme de harcèlement sexuel qui se produit dans le milieu de l’enseignement. LE HARCÈLEMENT SEXUEL EN SCIENCES La section suivante décrit les études qui ont examiné les expériences de har- cèlement sexuel des femmes, en particulier dans le domaine des sciences. Une étude menée en 2015 (Clancy et al. 2017) auprès de 474 astronomes et plané- tologues a révélé que les femmes ayant fait l’objet de propos sexistes étaient beaucoup plus susceptibles d’être des stagiaires (étudiantes) à l’époque et lé- gèrement plus susceptibles d’en faire l’expérience de la part de leurs pairs ou d’autres personnes de même statut, ou niveau dans la hiérarchie institutionnelle officielle, que de la part de leurs supérieur·e·s. Pour étayer d’autres conclu- sions, les femmes de cette étude étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer avoir été victimes de harcèlement sexuel.

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 115 L’étude a également interrogé les répondant·e·s sur d’autres formes de harcèlement, notamment le harcèlement racial, et leur a demandé si elle·il·s se sentaient en danger dans leur poste en raison de leur sexe ou de leur race. L’étude a révélé que les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer ne pas se sentir en sécurité en raison de leur sexe (30% des femmes interrogées contre 2% des hommes) et que les personnes de couleur étaient plus susceptibles de déclarer ne pas se sentir en sécurité en raison de leur race (24% contre 1% des blancs interrogés). Les femmes de couleur étaient les plus susceptibles de subir un harcèlement racial verbal (par rapport aux hommes de couleur et aux hommes et femmes blanches), et qu’elles étaient tout aussi susceptibles que les femmes blanches de subir un harcèlement sexuel verbal. En outre, les femmes de couleur sont plus susceptibles de se sentir en danger que les hommes de couleur, les femmes blanches ou les hommes blancs, et près d’une femme de couleur sur deux se sent en danger en raison de son sexe (40% en raison de son sexe et 28% en raison de sa race). Cette étude soutient d’autres recherches sur les femmes de couleur qui montrent que les femmes de couleur subissent davantage de harcèlement (en tant que combinaison de harcèlement sexuel et racial), et sont donc suscep- tibles d’avoir plus d’expériences négatives que les autres groupes (Clancy et al. 2017). Dans l’ensemble, cette recherche vient s’ajouter aux preuves croissantes que les femmes blanches et de couleur dans les domaines de l’astronomie et des sciences planétaires subissent du harcèlement sexuel à un niveau similaire à celui d’autres lieux de travail présentant des variables environnementales si- milaires. La recherche sur le terrain est une partie importante de l’érudition scienti- fique, mais c’est aussi un environnement qui peut présenter des risques accrus de harcèlement sexuel. Une enquête sur les expériences sur le terrain en mi- lieu universitaire (l’étude SAFE) a identifié des comportements systémiques et problématiques dans les sites de recherche scientifique qui peuvent conduire à un environnement hostile (Clancy et al. 2014). L’étude a identifié plusieurs caractéristiques des environnements de terrain et du harcèlement sexuel qui s’y produit : (1) les codes de conduite et les politiques en matière de harcèlement sexuel sont mal connus, peu de personnes interrogées étant au courant des mé- canismes de signalement disponibles, (2) les victimes du harcèlement sexuel sur les sites de recherche sont principalement des femmes en formation et (3) les auteur·e·s sont aussi bien des hommes que des femmes – lorsque les

116 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES femmes sont harcelées, les auteur·e·s sont majoritairement des professeur·e·s envers des stagiaires. Cependant, lorsque les hommes sont harcelés, il s’agit généralement de pair. Clancy et ses collègues (2014) ont utilisé une technique d’échantillonnage en boule de neige pour atteindre cette population diversifiée de scientifiques de terrain. Parmi ce·lles·ux qui ont répondu, 64% (hommes et femmes) avaient personnellement subi un harcèlement sexuel sur le terrain sous la forme de remarques sexuelles inappropriées, de commentaires sur les différences phy- siques ou cognitives entre les sexes, ou de blagues sexistes ou dégradantes, et plus de 20% des répondant·e·s ont déclaré avoir personnellement subi une agression sexuelle. La recherche a également révélé que le harcèlement et les agressions sur les sites de recherche visaient principalement les stagiaires (étu- diant·e·s et postdoctorant·e·s), et plus précisément que 90% des femmes qui ont été harcelées étaient des stagiaires ou des employées lorsqu’elles étaient visées sur le site de recherche. De manière significative, la recherche a révélé que, sur les sites de recherche, les femmes étaient principalement harcelées sexuellement par un·e supérieur·e hiérarchique. Cette plus grande probabilité que le harcèlement soit perpétré par des supé- rieur·e·s est peut-être une caractéristique unique qui distingue les sites de re- cherche sur le terrain d’autres lieux de travail où le harcèlement est plus souvent le fait de pairs. Cette caractéristique des sites de recherche sur le terrain est im- portante pour comprendre la gravité du harcèlement sexuel subi car, comme le chapitre suivant le montrera, les conséquences du harcèlement sexuel peuvent être pires s’il provient d’un·e supérieur·e qui a un pouvoir sur la victime. Dans le cadre d’un suivi en 2017, l’équipe SAFE a effectué une analyse thématique de 26 entretiens avec des femmes et des hommes scientifiques de terrain (Nelson et al. 2017). La première conclusion de cette étude est que les personnes interrogées ont eu des expériences très différentes des sites de re- cherche où les règles étaient absentes, où elles étaient présentes, et où elles étaient présentes et appliquées. En d’autres termes, les sites de recherche où l’organisation est très tolérante à l’égard du harcèlement sexuel – sites de re- cherche sans règles, ou ceux qui ont des règles mais ne les appliquent pas – sont ceux où les répondant·e·s ont décrit des expériences de harcèlement et d’agression sexuelles. La deuxième conclusion, à savoir que les scientifiques qui ont été harcelé·e·s sexuellement, ou qui ont subi d’autres incivilités, ont

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 117 eu des expériences de carrière plus mauvaises, cela correspond également à la littérature plus générale sur les agressions sur le lieu de travail. Enfin, les auteur·e·s ont constaté que les sites de recherche égalitaires étaient ceux qui donnaient un exemple positif aux scientifiques, qui présentaient moins d’inci- vilités, d’expériences de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles, et qui créaient des expériences positives pour les répondant·e·s qui réaffirmaient leur engagement envers la science. Ces données indiquent une voie à suivre, dans le sens où les antécédents organisationnels en matière de harcèlement sexuel dans les milieux de travail et d’éducation scientifiques sont similaires à ceux d’autres lieux de travail, et que, par conséquent, la littérature fournit des recommanda- tions solides, fondées sur des preuves, pour réduire le harcèlement sexuel dans le domaine scientifique. LE HARCÈLEMENT SEXUEL EN MÉDECINE Les entretiens menés par RTI International ont révélé que des cadres uniques tels que les internats médicaux étaient décrits comme des terrains propices aux abus hiérarchiques. Les personnes interrogées ont déclaré que cela était en grande partie dû au fait, qu’à ce stade de la carrière médicale, l’idée que ce type de comportement allait se produire était largement acceptée. Les attentes de conditions abusives et exténuantes dans les milieux de formation ont amené plusieurs répondant·e·s à considérer le harcèlement sexuel comme un élément du continuum de ce qu’ils devaient endurer. Comme l’a fait remarquer une per- sonne interrogée : « Mais, le problème avec la formation en internat, c’est que tout le monde voit ses droits bafoués. Donc, c’est considéré comme du harcèle- ment sexuel tolérable. » (Professeure non-titularisée de médecine) (RTI 2018). À l’exception des données ARC3 des campus ayant des facultés de méde- cine, malheureusement, une grande partie des enquêtes menées dans les do- maines médicaux n’ont pas suivi les bonnes pratiques pour les enquêtes sur le harcèlement sexuel. En conséquence, les chiffres de prévalence de ces enquêtes sur le domaine médical ne sont pas comparables et peuvent sous-estimer le taux de harcèlement sexuel dans ces domaines. Un problème important dans la comparaison d’une grande partie des données sur les domaines médicaux avec d’autres lieux de travail est la cohérence des définitions utilisées. Dans certains cas, le harcèlement verbal est séparé des résultats du harcèlement sexuel, et si

118 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES le harcèlement verbal sous forme de blagues sexistes est inclus dans le harcè- lement sexuel, le harcèlement verbal tel que le fait d’être insulté ne l’est pas (Fnais et al. 2014, Fried et al. 2012). Dans d’autres cas, l’élément de l’enquête, qui demande s’il y a harcèlement sexuel, omet la partie concernant les compor- tements grossiers de harcèlement sexuel (Jagsi et al. 2016), tandis que certains éléments combinent et mélangent les mesures du harcèlement sexuel avec la discrimination sexuelle, ce qui permet de mesurer un ensemble d’expériences beaucoup plus large (Baldwin, Daugherty et Rowley 1996, Nora 2002, Frank et al. 2006). Néanmoins, la recherche peut identifier certaines caractéristiques de la ma- nière dont le harcèlement sexuel se produit en médecine. Dans les recherches qui ont examiné différentes spécialités médicales, les chirurgiennes et les femmes médecins des spécialités historiquement dominées par les hommes sont plus susceptibles d’être harcelées que celles des autres spécialités, mais seulement lorsqu’elles sont en formation. Une fois qu’elles ont terminé leur internat et pratiquent leur profession, elles sont victimes de harcèlement au même niveau que les autres spécialités (Frank, Brogan et Schiffman 1998). Ces chercheur·e·s ont suggéré que, pour les femmes en chirurgie et en médecine d’urgence, les taux plus élevés de harcèlement sexuel pourraient être dus au fait que ces domaines ont – et valorisent – un lieu de travail hiérarchique et autoritaire (1998). La prépondérance des hommes dans la chirurgie et la méde- cine d’urgence, et en particulier parmi les dirigeants, est également un facteur important pour expliquer le harcèlement élevé dans ces domaines (Kabat-Farr et Cortina 2014). Dans deux autres études, les étudiant·e·s ont perçu ces expé- riences comme étant plus fréquentes dans la spécialité de chirurgie générale que dans les autres (Nora et al. 2002, Nora 1996), et d’autres recherches révèlent que les répondant·e·s ont déclaré que leur perception de ces environnements de harcèlement avait influencé leur choix de spécialité (Stratton et al. 2005). D’autres recherches suggèrent que le harcèlement sexuel peut être pire selon le milieu médical. Par exemple, les femmes ont perçu le harcèlement sexuel et la discrimination sexuelle comme étant plus fréquents dans les centres médicaux universitaires que dans les hôpitaux de proximité et les cabinets de consultation externe (Nora et al. 2002). Une conclusion importante de la recherche sur l’environnement des centres médicaux universitaires est qu’en plus d’être harcelé·e·s par leurs collègues et leurs dirigeant·e·s, les étudiant·e·s, les stagiaires et les professeur·e·s signalent

3. Le harcèlement sexuel dans les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires 119 également des cas de harcèlement de la part des patient·e·s et de leurs familles. Les études, qui montrent cela, suggèrent également que le harcèlement par des patient·e·s et leurs familles est très courant et constitue l’une des principales sources de harcèlement (Fnais et al. 2014, Phillips et Schneider 1993, Baldwin 1996, McNamara et al. 1995). Ce comportement inapproprié des patient·e·s et de leurs familles doit être reconnu par les responsables des centres médicaux universitaires, et des déclarations et avertissements spécifiques contre le har- cèlement sexuel doivent être inclus dans les « droits et devoirs » qui sont sys- tématiquement présentés aux patient·e·s et aux familles lorsqu’il·elle·s entrent à l’hôpital et en consultation externe dans les centres médicaux universitaires. RÉSULTATS ET CONCLUSIONS 1. Les sciences, l’ingénierie et la médecine universitaires présentent au moins quatre caractéristiques qui créent des niveaux de risque plus élevés de harcèlement sexuel : a. Un environnement dominé par les hommes, avec des hommes en position de pouvoir et d’autorité. b. Une tolérance organisationnelle à l’égard des comportements de harcèlement sexuel (par exemple, ne pas prendre les plaintes au sé- rieux, ne pas sanctionner les auteurs ou ne pas protéger les plaignant·e·s contre les représailles). c. Des relations hiérarchiques et de dépendance entre les profes- seur·e·s et leurs stagiaires (par exemple, les étudiant·e·s, les stagiaires postdoctoraux, les docteur·e·s). d. Les environnements isolés (par exemple, les laboratoires, les sites de recherche sur le terrain et les hôpitaux) dans lesquels le corps ensei- gnant et les stagiaires passent beaucoup de temps. 2. Le harcèlement sexuel est courant dans les domaines des sciences, de l’ingénierie et de la médecine. Chaque type de harcèlement sexuel se produit, dans les domaines de la science, de l’ingénierie et de la méde- cine universitaires, à un rythme similaire à celui des autres lieux de travail. a. Plus de 50% des femmes membres du corps enseignant et du personnel

120 HARCÈLEMENT SEXUEL DES FEMMES et 20 à 50% des étudiantes sont victimes de harcèlement sexuel dans le milieu universitaire. b. Les étudiantes en médecine universitaire sont plus souvent harcelées sexuellement par le corps professoral/le personnel que les étudiantes en sciences et en ingénierie. c. Les étudiantes/ stagiaires sont confrontées au harcèlement sexuel, ou en sont victimes, à cause du corps enseignant/ du personnel et d’autres étudiant·e·s/ stagiaires. d. Les femmes membres du corps professoral sont harcelées sexuellement par d’autres membres du corps professoral ou du personnel, ainsi que des étudiant·e·s ou des stagiaires. e. Les étudiantes, les stagiaires et les membres du corps enseignant des centres médicaux universitaires sont harcelées sexuellement par des patient·e·s et leurs familles, en plus du harcèlement qu’elles subissent à cause de leurs collègues et des personnes occupant des postes de di- rection.

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Over the last few decades, research, activity, and funding has been devoted to improving the recruitment, retention, and advancement of women in the fields of science, engineering, and medicine. In recent years the diversity of those participating in these fields, particularly the participation of women, has improved and there are significantly more women entering careers and studying science, engineering, and medicine than ever before. However, as women increasingly enter these fields they face biases and barriers and it is not surprising that sexual harassment is one of these barriers.

Over thirty years the incidence of sexual harassment in different industries has held steady, yet now more women are in the workforce and in academia, and in the fields of science, engineering, and medicine (as students and faculty) and so more women are experiencing sexual harassment as they work and learn. Over the last several years, revelations of the sexual harassment experienced by women in the workplace and in academic settings have raised urgent questions about the specific impact of this discriminatory behavior on women and the extent to which it is limiting their careers.

Sexual Harassment of Women explores the influence of sexual harassment in academia on the career advancement of women in the scientific, technical, and medical workforce. This report reviews the research on the extent to which women in the fields of science, engineering, and medicine are victimized by sexual harassment and examines the existing information on the extent to which sexual harassment in academia negatively impacts the recruitment, retention, and advancement of women pursuing scientific, engineering, technical, and medical careers. It also identifies and analyzes the policies, strategies and practices that have been the most successful in preventing and addressing sexual harassment in these settings.

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